Winston Churchill écrivait en 1950 dans une lettre à sa femme Clémentine : « C’est un endroit merveilleux, l’un des meilleurs hôtels dans lesquels j’ai jamais séjourné ». L’homme d’État britannique faisait référence à l’hôtel cinq étoiles de La Mamounia, situé sur l’avenue Bad Jdid à Marrakech, au Maroc. En 2021 et pour la troisième fois, l’établissement a également été distingué, par les lecteurs de la célèbre publication Condé Nast Traveller, comme le meilleur hôtel du monde et, par extension, du Moyen-Orient et d’Afrique. Mais l’histoire fascinante du plus grand des grands hôtels, qui fête ces jours-ci son 100e anniversaire, commence en 1923. Et l’endroit où il se trouve plonge ses racines dans un passé qui remonte à plusieurs siècles.

En effet, au XIIe siècle, le terrain sur lequel se trouve La Mamounia a d’abord appartenu à Abd al-Mu’min, premier calife et fondateur de l’empire de la dynastie berbère des Almohades (1145-1248). Et si la terre est restée inchangée, les événements humains dont elle a été le témoin n’ont pas changé. À la dynastie almohade succède la dynastie mérinide (1244-1465), puis la dynastie saadide (1554-1659) après diverses incursions portugaises, et enfin, après une longue période de divisions régionales dues à leur affaiblissement, la dynastie alaouite (de 1666 à nos jours, dont le représentant, Muhammad VI, est le 23e souverain de la succession) évince la dynastie almohade.

Ainsi, dès le XVIIIe siècle, le terrain de l’actuelle Mamounia, rattaché aux remparts de la vieille ville, appartenait au sultan Mohammed Ben Abdallah (Mohammed III) et à son épouse Lalla Fatima. Il se trouve que Mohammed III fit aménager de beaux jardins sur ces terres afin de les offrir en cadeau de mariage à son fils, le prince Mamoun. Le prince s’en servait pour organiser d’opulentes fêtes en plein air.

La première version de l’actuel hôtel de la Mamounia a été conçue par les architectes français Henri Prost et Antoine Marchisio, qui ont combiné l’architecture marocaine ancestrale avec le style Art déco, très en vogue à l’époque. Selon une citation de l’écrivain Khireddine Mourad, à laquelle l’hôtel lui-même fait référence, le projet alliait le confort de l’Occident à la splendeur de l’Orient, conformément à « l’idée de dépaysement et de détente que les touristes étrangers, déjà nourris de littérature orientaliste et de rêves exotiques, s’attendaient à trouver en ces lieux ».

Face à son succès, l’hôtel est étendu à 100 clés et sa rénovation s’achève en 1946. En 1953, l’endroit attire des réalisateurs de cinéma tels qu’Alfred Hitchcock, qui y tourne quelques scènes de “L’homme qui en savait trop”. Et le mot a dû se répandre, car tout au long de la décennie, une bonne représentation de l’élite du cinéma français et d’Hollywood, ainsi que des personnalités politiques, sont venues profiter de l’Hôtel de la Mamounia. Charlie Chaplin, Marcello Mastroianni, Claude Lelouch, Francis Ford Coppola parmi les artistes ; Franklin Roosevelt et le général de Gaulle parmi les seconds. Et dans les années 1960, Yves Saint Laurent, les Rolling Stones et bien d’autres écrivains et artistes sont passés par l’hôtel. Paul McCartney a même composé dans l’une de ses chambres une chanson qui a été publiée en 1973 : Mamounia.

En 2006, l’hôtel a fermé pour une rénovation de trois ans qui aurait coûté 120 millions d’euros. Le prestigieux designer Jacques Garcia (décorateur et architecte français réputé pour son style extravagant et opulent et son goût pour la combinaison d’éléments classiques et modernes dans des espaces sophistiqués) était chargé de la décoration intérieure et de l’architecture. Il a entrepris de restaurer l’héritage historique de l’hôtel, avec l’aide d’artistes et d’artisans marocains experts en arts et traditions berbères. C’est ainsi que l’Hôtel de la Mamounia renaît en septembre 2009 avec une ambiance en clair-obscur et en demi-teinte, un nouveau décor de style hispano-musulman et son architecture arabo-andalouse. Ses installations comprennent désormais plus de 200 chambres, 3 riads de luxe, 4 bars, 2 salons de thé, 4 restaurants (dirigés par les chefs Jean-Georges Vongerichten et Pierre Hermé), un cinéma, ainsi que des jardins et une piscine agrandie. Enfin, un spa de 2 500 m² a été ajouté. Le tout enveloppé de lignes pures et de motifs arabesques, dans une combinaison exquise de bois et de tadelakt, de marbre veiné et de mosaïque zellige.

Nous laissons ici, pour votre curiosité, la chanson Mamounia que McCartney a composée dans l’hôtel.

Sources: Hotel de la Mamounia, Visit Morocco, Wikipedia. Images: Hotel de la Mamounia.

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