Le nom de la Perse résonnait encore comme l’empire le plus vaste et durable depuis que les califes musulmans l’avaient conquis et éradiqué le zoroastrisme (entre 633 et 715 de notre ère), lorsque régnait le sultan Husayn (entre 1694 et 1722), l’un des derniers shahs de la dynastie safavide. C’était précisément au début du XVIIIe siècle que ce sultan décida d’ajouter, à la Route de la soie, sur demande de sa mère, un nouveau caravansérail. C’est ainsi que naquit le bâtiment connu aujourd’hui sous le nom d’Abbasi Hotel, dans la vieille ville de l’ancienne ville d’Isfahan, en Iran.
Les caravansérails étaient de grandes auberges avec de hauts murs, un portail unique, une cour intérieure et de vastes écuries, niches et chambres, offrant abri, eau et sécurité aux marchands poussiéreux et aux voyageurs parcourant les routes du désert, ainsi qu’à leurs serviteurs et aux bêtes qui les transportaient avec leurs marchandises (principalement des chameaux et des chevaux). En tout cas, peu de temps après sa construction, le sultan Husayn céda le bâtiment de l’actuel Abbasi Hotel, comme source de revenus, à la madrasa Chahar Bagh pour son entretien et son financement. Grâce à cela, le caravansérail resta en usage pendant les décennies suivantes, même lorsque le destin du pays passa aux mains de la dynastie des Qajars, qui régna de 1789 à 1925. Cependant, selon les chroniques, l’imposant caravansérail où réside aujourd’hui l’hôtel tomba en désuétude à partir de son déclin.
Heureusement, exerçant son autorité, le shah Reza Pahlavi, alors premier de la nouvelle dynastie, nomma en 1928 André Godard, archéologue, architecte et historien de l’art français, directeur des Services archéologiques iraniens. Et celui-ci, constatant la détérioration du bâtiment historique, ordonna sa restauration et sa rénovation dans les années 1950. Enfin, en 1966, le caravansérail fut officiellement inauguré en tant qu’hôtel.
Aujourd’hui, l’Abbasi Hotel n’accueille plus de voyageurs couverts de poussière du désert ni de bêtes de somme, mais offre ses 5 étoiles, ses ornements, ses jardins persans, ses fontaines, aux clients et touristes visitant la ville. Cependant, le bâtiment conserve la structure caractéristique de ces caravansérails traditionnels et magnifiques. Un « établissement opulent bien que délabré », assurait la CNN dans un article de 2017 ; « la plus ancienne maison d’hôtes du monde », proclame le site internet de l’hôtel ; ou « un vestige unique de l’école d’architecture d’Isfahan et de la glorieuse époque safavide » ; ou « un bâtiment qualifié comme l’une des maisons d’hôtes les plus belles du monde, selon les touristes nationaux et étrangers, les historiens et architectes éminents ».
Probablement l’un des aspects les plus appréciés de l’hôtel par les habitants et les étrangers est sa vaste cour et son jardin traversé de canaux et de fontaines, peuplé d’arbres majestueux, où flotte un air léger grâce aux abondantes « fleurs au parfum céleste ». Par ailleurs, ses intérieurs renferment un trésor d’arts persans, une riche décoration évoquant celle des palais safavides et qajars. Peintures murales délicates et miniatures avec arabesques et motifs floraux, miroirs, arcs en stuc découpé et moucharabiehs, verres colorés étincelants, portes et fenêtres grillagées…
L’hôtel propose 225 chambres, suites et appartements, quatre restaurants et un salon de thé traditionnel persan, ainsi que des salles de conférences et d’événements. Enfin, notons qu’il a été sélectionné par le gouvernement iranien pour demander son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Sources: Abbasi Hotel, ToIran, CNN, Wikipedia. Images: Abbasi Hotel.