« L’équilibre est invisible jusqu’à ce qu’il soit perdu », telle est la devise qui identifie le projet architectural The Playscape, achevé en 2021 par le cabinet d’architecture We Architect Anonymous (WAA) basé à Pékin. Comme ils l’indiquent dans les détails de leur proposition, « notre client était un prestataire de soins de santé spécialisé dans l’observation et le soutien du développement des enfants en matière de mouvement ». Le défi qu’ils ont présenté : la rénovation d’un complexe industriel d’entrepôts céréaliers datant des années 1970 dans le nord de la ville. S’il est une chose qui ressort du projet que nous analysons ici, c’est précisément l’hommage au mouvement, et plus précisément le défi à l’équilibre qu’il propose dans toutes ses parties à ses petits protagonistes. Toboggans, montées et descentes abruptes depuis le trottoir, trampolines, filets… Mais intéressons-nous à la démarche des architectes. Selon eux, The Playscape intègre trois interventions architecturales dans le but de matérialiser le concept initial :

Des toboggans et des tubes pour tester la « proprioception » des enfants, c’est-à-dire la perception inconsciente de leurs propres mouvements et de la position de leur corps, indépendamment de leur vision.

Des points d’observation élevés à partir desquels les protagonistes ont la possibilité de percevoir le paysage dans son ensemble et de décider entre des itinéraires alternatifs. Ainsi, les enfants peuvent partir de la terrasse et atteindre la partie inférieure par des toboggans, des escaliers ou des rampes. Le Playscape leur offre des directions alternatives pour atteindre leurs objectifs, de sorte que parfois le chemin le plus court est le plus amusant.

Les monticules pour grimper et glisser encouragent le développement des sens liés à l’équilibre ainsi que la liberté de choix. Ainsi, « les monticules permettent aux enfants d‘explorer et de décider s’ils sont à l’aise avec le risque, alors qu’ils franchissent différentes pentes avec rapidité ».

Grâce aux trois interventions architecturales susmentionnées, The Playscape offre aux petits du quartier de nombreuses possibilités de jeu : Cache-cache, ou « interaction de groupe » ; mais aussi un terrain d’aventure individuelle, afin que les enfants « décident du niveau de risque qu’ils sont prêts à prendre » ; des coins et des recoins pour qu’ils puissent explorer et comprendre « l’ergonomie » ou, en d’autres termes, la relation entre les proportions de leur corps et l’espace ; un labyrinthe qui offre des endroits cachés pour l’exploration et la découverte ; enfin, le jeu de fantaisie, car les espaces abstraits offrent une flexibilité maximale aux enfants pour inventer des scénarios basés sur la pensée.

En plus d’offrir toutes ces possibilités, The Playscape est un projet architectural plein de plasticité, louable d’un point de vue esthétique. Mais surtout, à notre avis, il atteint avec succès l’objectif manifeste de sa conception, à savoir « aborder les éléments manquants de l’habitat urbain, en déformant les échelles et en manipulant les séquences de mouvement, pour construire un outil d’apprentissage sensoriel ». Nos félicitations.

Sources: WAA, ArchDaily. Imges: WAA.