Il est courant de considérer que l’ingénierie, dans le cadre de la conception et de la construction d’un bâtiment, ne doit s’occuper que des calculs pour la mise en service du bâtiment, c’est-à-dire lorsqu’il est utilisé pour remplir sa fonction, qu’il s’agisse de bureaux, de logements, d’hôtels, etc. Or, souvent, les bâtiments doivent surmonter des situations critiques lors de leur construction, des moments beaucoup plus délicats que ceux auxquels ils sont soumis pour remplir leur fonction.
C’est notamment le cas des bâtiments conçus en hauteur ou construits à l’aide de systèmes de construction rapide. Dans ces situations, les structures réagissent avec des comportements complètement différents de ceux qu’elles développent dans leur état final. Un exemple clair est la construction de ponts qui, pour éviter de reposer sur des lits de rivière très profonds ou très élevés, partent des deux rives et convergent vers un plan équidistant de celles-ci.
Dans les immeubles de grande hauteur, en revanche, l’un des moments critiques est celui où il est nécessaire de former les planchers sans que le béton ait atteint sa résistance finale. L’utilisation d’étais ou de faux-planchers devient nécessaire pour répartir correctement les charges. C’est précisément l’un des nombreux calculs que l’ingénierie doit prendre en compte dans la construction des immeubles de bureaux. La tendance en matière de conception est de créer des espaces ouverts, sans piliers intermédiaires, et d’utiliser des méthodes de construction rapides afin que les installations puissent être utilisées le plus rapidement possible.
Pour qu’un bureau d’études puisse réaliser une conception structurelle correcte, il doit d’abord prévoir le processus de construction du bâtiment, en particulier dans les cas où il sera différent ou critique. Dans la mesure du possible, la conception et les calculs doivent être optimisés pour éviter que le processus de construction ne devienne un facteur limitant. Cela pourrait entraîner des coûts supplémentaires qui auraient pu être évités.
Par Jorge Laguna, responsable de la section structurelle du département d’architecture d’Amusement Logic.
Image de couverture: Danylo Kondysiuk | Unsplash