Published On: 01.02.2009|Categories: Nouvelles générales|

Les grands projets se multiplient dans les Alpes. Un colloque de Patrimoine Suisse appelle à mettre l’accent sur la qualité architecturale.

Maquette du groupe russe MIRAX
Une des maquettes du complexe hôtelier que le groupe
russe MIRAX compte bâtir à Aminona. KEYSTONE

Qu’est-ce qui est préférable? Construire une multitude de résidences secondaires qui sont gages de lits froids ou construire de grands complexes hôteliers qui exercent une forte pression sur les paysages et les sites? Le colloque organisé hier à Berne par la Fondation Patrimoine Suisse et la revue d’architecture Hochparterre n’a pas répondu définitivement à cette question. Par contre, les participants ont dénoncé l’architecture stéréotypée et uniformisée qui caractérise souvent ce type de complexe. Ils préconisent une architecture contemporaine de qualité, loin du style pittoresque qui amène à créer de toutes pièces de faux villages de montagne.

Reste à s’entendre sur ce que l’on appelle architecture de qualité. L’architecte genevois Philippe Meier présente comme une réalisation exemplaire les bâtiments en béton armé de la station de Flaine, en Haute-Savoie. Selon lui, ils renvoient à une image urbaine qui enrichit le patrimoine. Par contre, le professeur Giovanni Danielli, de l’Institut de l’économie de tourisme de Lucerne, souligne que la Suisse est loin de maîtriser la situation. Il cite un guide de voyage allemand qui évoque impitoyablement la laideur de Montana et de ses tours de béton.
Cinquante projets

En Suisse, quelque 50 complexes hôteliers ou villages de vacances sont projetés dans les régions de montagne. Les plus ambitieux sont ceux d’Andermatt (UR) et d’Aminona (VS). Ces grands projets sont récents car l’introduction de la lex Koller avait sonné le glas des projets gigantesques qui s’adressent avant tout aux étrangers. Aujourd’hui, ce sont d’ailleurs des promoteurs étrangers qui s’engagent en première ligne dans les grandes réalisations projetées. Thomas Ammann, propriétaire du bureau de planification Arcalpin à Sion, rappelle qu’il suffit d’annoncer que le complexe sera exploité en tant que résidence hôtelière pour contourner la lex Koller qui limite la vente de résidences secondaires aux personnes domiciliées à l’étranger.

Gare à la bulle immobilière

Attention, avertit-il cependant, «l’histoire montre que les grands complexes sont projetés au début d’une bulle immobilière, mais réalisés à la fin, ce qui les fragilise considérablement». Selon lui, les collectivités publiques doivent en tout cas veiller à ce que ces projets ne constituent pas, à moyen et long terme, des conglomérats de lits froids.

A cet égard, le président de Patrimoine Suisse Philippe Bieler estime que l’on ne peut pas dissocier la problématique des grands complexes de celle des résidences secondaires. Celles-ci ont augmenté de 75% entre 1980 et 2000 et il y aurait aujourd’hui près d’un million de lits froids en Suisse. En Valais, 60% des résidences secondaires ne sont pas mises en location et ne sont occupées que cinq semaines par an. Face à cette situation, Philippe Bieler affirme que la lex Koller ne peut pas être supprimée sans de sérieuses compensations comme un système de contingentement des résidences secondaires.

Pour une taxe de non-séjour

Il défend par ailleurs l’idée d’une taxe de non-séjour pour inciter les propriétaires à mettre en location leur appartement ou leur chalet. «C’est une idée qui me tient à coeur», souligne-t-il. Alors que la taxe de séjour pénalise le propriétaire qui ouvre son logement à la location, la taxe de non-séjour frapperait de plein fouet les lits froids.

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