Le Corbusier, architecte influent du 20e siècle, a défini l’architecture comme « le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière ». Son propos souligne le lien essentiel entre architecture et lumière naturelle, constant depuis les premiers abris, dans la conception des grands monuments de l’Antiquité ou dans celle des bâtiments les plus modernes. Mais commençons par le commencement…
A la préhistoire, les ouvertures naturelles des grottes permettaient de faire entrer la lumière du soleil. Puis, avec le développement des constructions néolithiques, la lumière naturelle a été utilisée à des fins symboliques. Le monument mégalithique de Stonehenge s’aligne sur les phénomènes astronomiques et utilise la lumière du soleil pour marquer les saisons et les cycles agricoles. Dans ce cas, l’architecture s’allie au soleil dans un but cérémoniel et pratique.
Dans l’Égypte ancienne, la lumière revêt un caractère spirituel. Les temples et les tombes, conçus avec une précision mathématique, utilisent des ouvertures étroites pour canaliser la lumière du soleil vers des points spécifiques, symbolisant le lien entre les pharaons et les dieux. Le temple d’Abou Simbel en est un exemple extraordinaire : la lumière n’éclaire les statues à l’intérieur que deux fois par an. En ce qui concerne les habitations, les cours centrales assuraient la lumière naturelle et la ventilation pour garantir un environnement habitable dans les conditions chaudes et arides du désert.
L’architecture grecque et romaine classique a porté l’utilisation de la lumière naturelle à un niveau de sophistication supérieur. La conception des temples grecs reposait sur une connaissance approfondie de l’éclairage naturel ; les colonnes et les cours filtraient la lumière pour améliorer la perception de l’espace. Les Romains, quant à eux, ont perfectionné les puits de lumière et les fenêtres dans les thermes et les basiliques. L’oculus du Panthéon ne se contente pas d’éclairer l’intérieur jusqu’à aujourd’hui, il crée aussi un effet dramatique et symbolique de monumentalité et d’ascension céleste.
Aujourd’hui, les architectes explorent constamment les possibilités de la lumière en combinaison avec les technologies les plus récentes. Et la définition de Le Corbusier est toujours d’actualité : l’architecture est toujours un jeu de volumes et de lumière.
Par Guillermo Ferrer, architecte senior au département d’architecture d’Amusement Logic
Image d’en-tête : Spyros Kamilalis | CC BY-NC-SA 4.0 | worldhistory.org