Le groupe ethnique swahili est répandu en Afrique de l’Est, principalement le long des côtes et des îles du Kenya, de la Tanzanie et du nord du Mozambique. Bien que le Joshua Project estime le nombre de Swahiliophones à 1,8 million, les estimations suggèrent que plus de 100 millions de personnes parlent le Swahili, réparties entre la Tanzanie et le Kenya et les régions limitrophes de l’Ouganda, du Mozambique, de la République démocratique du Congo, du Rwanda, du Burundi, de la Somalie, de la Zambie, du Malawi et du nord de Madagascar. Toutefois, cette langue, née sur la côte africaine de l’océan Indien entre le VIIIe et le XIIe siècle de notre ère à la suite d’une interaction entre des groupes de Bantous, d’Arabes et de Perses, n’est pas le seul héritage du swahili. Son influence, dont l’étendue est indiquée par la diffusion de sa langue, s’étend à l’architecture de toute la zone géographique.
On trouve de nombreux exemples d’architecture swahilie dans les centres urbains de Mombasa, Lamu et Malindi au Kenya, ou de Songo Mnara, Kilwa Kisiwani et Zanzibar en Tanzanie (Lamu, Zanzibar et Kilwa sont d’ailleurs classés au patrimoine mondial de l’UNESCO), bien que son influence s’étende du Mozambique au sud à la Somalie au nord. À l’instar de la langue, l’architecture swahilie est une représentation du mélange culturel d’éléments de l’Afrique continentale avec ceux de la péninsule arabique et de l’Asie du Sud. Et l’islam joue un rôle important dans l’urbanisme des villes swahilies. Organisée en quartiers divisés par des murs, la mosquée représente le centre de chaque quartier, à partir duquel les rues principales, étroites et caractéristiques, s’étendent vers le nord, le sud, l’est et l’ouest.
L’architecture swahilie se caractérise par l’utilisation de calcaire corallien dans les murs de maçonnerie, combiné à des poutres de palétuviers pour soutenir les toits et les plafonds, et érigé avec des mortiers de chaux, de sable et de terre rouge. La pierre calcaire, la mangrove et le mortier sont tous des matériaux locaux. Par ailleurs, la couleur blanche est prédominante sur les façades et les murs de l’architecture swahilie, ce qui, avec les matériaux susmentionnés, contribue à protéger l’intérieur du climat chaud de la côte. Les portes en bois sculpté richement décorées dans des cadres rectangulaires avec des linteaux droits constituent un autre élément distinctif. Il était d’usage de graver une citation du Coran ou des informations sur le respectable propriétaire de la maison dans l’alphabet arabe. Cependant, les arcs d’influence tardive dans les portes et les ouvertures sont devenus plus courants à partir du XIXe siècle.
L’intérieur des maisons est distribué autour d’une cour centrale, l’espace de vie étant associé à un porche caché par un mur et séparé des pièces ouvertes au public. Les cours intérieures constituent une ressource supplémentaire pour le refroidissement de la maison, ainsi qu’un élément clé pour l’intimité. Les volets en bois qui recouvrent les ouvertures permettent à la lumière du jour d’entrer doucement. Les balcons ornés et les bancs attachés à la façade principale du bâtiment sont également courants.
L’influence de l’architecture swahilie est encore bien vivante et, comme en témoigne la protection par l’UNESCO de nombre de ses manifestations, elle représente un atout culturel et urbain, ainsi qu’une ressource touristique et paysagère majeure. C’est peut-être la raison pour laquelle, que ce soit par la restauration d’anciens bâtiments ou la construction de nouveaux, de nombreux hôtels et centres de villégiature adoptent le style swahili, un style traditionnel qui illustre les échanges culturels et l’adaptation aux conditions climatiques de sa zone géographique. Il ne reste peut-être qu’une seule chose à dire : hakuna matata.