Hôtels du monde : Gran Hotel de la Ciudad de México, États-Unis Mexique

Premier Art nouveau du pays, éclectisme néoclassique sur les façades et l'un des plus grands vitraux du monde.

Hôtels du monde : Gran Hotel de la Ciudad de México, États-Unis Mexique
Published On: 27.06.2025Categories: Nouvelles généralesTags:

Premier Art nouveau du pays, éclectisme néoclassique sur les façades et l'un des plus grands vitraux du monde.

Bien avant que le spectaculaire et riche vitrail ne colore de reflets lumineux le grand hall, avant que les balcons en fer forgé ne s’élèvent au-dessus de celui-ci et des rues alentour, avant que les premiers ascenseurs ne transportent les ménagères aisées, puis les clients de l’hôtel, bien avant tout cela, le site qu’occupe aujourd’hui l’édifice auquel nous consacrons ces lignes était déjà étroitement lié à l’histoire universelle. Nous parlons du Gran Hotel de la Ciudad de México.

En effet, nous sommes au début de la colonisation, lorsque le roi Charles Ier d’Espagne, également Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique, nomme Hernán Cortés gouverneur et capitaine général de la Nouvelle-Espagne (1522). En parallèle, afin d’exercer un contrôle sur cette nouvelle administration, le roi désigne cinq autres officiers. L’un d’eux, Rodrigo de Albornoz, reçoit la charge de « contador » — que l’on pourrait traduire aujourd’hui par comptable ou auditeur. Lors du premier partage des terres, Albornoz se voit attribuer les terrains sur lesquels s’élève aujourd’hui le Gran Hotel de la Ville de Mexique.

Au milieu des intrigues, des trahisons et des luttes de pouvoir, Albornoz parvient à y faire construire sa résidence. Cependant, après son retour en Espagne vers 1526, la trace de l’édifice se perd dans l’histoire. Par chance ou par malheur, la maison à deux étages qui occupait l’angle de la rue 16 de Septiembre et de la place de la Constitution n’a pas été conservée.

On raconte que des religieux de l’ordre de Saint-Augustin firent construire à l’arrière de cet édifice un portail pour leur couvent, connu jusqu’au XIXe siècle sous le nom de Portail des Augustins. À l’opposé, sur la place de la Constitution — aujourd’hui connue sous le nom populaire de Zócalo — se trouvait le Portail des Marchands, qui abritait divers commerces destinés à approvisionner les habitants.

On sait peu de choses jusqu’à ce qu’en 1895, un certain Sébastien Robert, de nationalité française — dont nous n’avons trouvé aucun renseignement biographique —, achète le bien. Il fait alors construire un nouvel édifice destiné à accueillir l’un des premiers centres commerciaux du Mexique, d’Amérique du Sud et même du continent tout entier : le Centro Mercantil. Ses promoteurs optent pour un intérieur de style Art Nouveau — le premier exemple de cette école architecturale européenne au Mexique —, et pour une façade éclectique néoclassique.

Sur ce point, seuls quelques noms nous sont parvenus : celui de José de Teresa, constructeur du Centro Mercantil et premier président de son conseil d’administration, ainsi que ceux des ingénieurs Daniel Garza et Gonzalo Garita. Le bâtiment, qui constitue aujourd’hui le cœur et l’âme du Gran Hotel, est conçu selon l’école de Chicago, un courant qui a introduit l’usage de l’acier combiné au béton dans la construction commerciale et les premiers gratte-ciel. Finalement, le président de la République Porfirio Díaz inaugure le 2 septembre 1899 le nouveau siège du Centro Mercantil, et offre pour l’occasion le grand lustre de style Louis XV qui orne encore aujourd’hui l’entrée de l’hôtel.

Une mention particulière doit être faite du vitrail qui surplombe le grand hall depuis son installation en 1908. De style Tiffany — en référence à Louis Comfort Tiffany, connu pour ses lampes aux abat-jours en verre coloré conçues par Clara Driscoll à la fin du XIXe siècle —, il est signé du Français Jacques Gruber et constitue un élément emblématique du style Art Nouveau de l’hôtel. Ce vitrail est également l’un des quatre plus grands du monde. Le Instituto Nacional de Bellas Artes l’a classé Patrimoine Culturel de la Nation, le considérant, à juste titre selon nous, comme une véritable œuvre d’art.

Après avoir survécu aux guerres civiles mexicaines et subi une longue décadence, le Centro Mercantil ferme ses portes en 1966 — ou en 1958, selon d’autres sources. Ces dernières — peu nombreuses — ne s’accordent pas sur ce qu’il advient alors de la propriété du bâtiment. Certaines mentionnent la famille Saba comme propriétaire, responsable de sa reconversion en hôtel.

Pour une raison inconnue, la chaîne hôtelière Howard Johnson semble avoir conclu un accord avec les Saba, puisque l’hôtel ouvre ses portes en 1968, juste à temps pour les Jeux Olympiques de Mexico de la même année, sous le nom de Hotel Howard Johnson. Toutes les sources s’accordent cependant à dire que l’établissement a bénéficié d’une rénovation et modernisation entre 2003 et 2005. Il est passé de 120 à 60 chambres, et le restaurant propose désormais ses plats traditionnels sur une terrasse panoramique offrant une vue exceptionnelle sur le Zócalo.

Sources: Wikicity, El Universal, Paoteca Centro de Documentación, Wikipedia, AD Magazine, Gran Hotel de la Ciudad de México.
Images: Gran Hotel de la Ciudad de México, México Cultural et cités.

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