Published On: 17.12.2009|Categories: Nouvelles générales|

Un voyage au coeur des ténèbres, une promenade dans le noir total. Dans les profondeurs de l’obscurité, quand la vue cesse de voir, le reste des sens se dévoilent. Barcelone sera la première ville espagnole à accueillir un musée de l’obscurité permanent, nommé « Diàleg a la Fosca ». Les visiteurs « mettront en veille » la vue pour vivre une expérience sensorielle, guidés par un cicérone habitué à se débrouiller dans le noir, un non-voyant.

Musée de l'Obscurité

Musée de l’Obscurité

Aux pieds de la tour Mapfre et de l’hôtel Arts, dans le quai de la Marina, ce musée si singulier ouvrira ses portes dès l’hiver 2010-2011 et sera le plus grand d’Europe avec ses 3.800 mètres carrés. La Marie de Barcelone cède cet espace privilégié, devant la plage, à la Fundació Diàleg à la Fosca et à la ONCE (Organisation National des Non-Voyants Espagnols), qui géreront le futur centre.

Qu’est-ce qu’un musée dans lequel on ne voit rien? «C’est un voyage autour d’une scène non visuelle de sons, d’odeurs, de textures et de sensations quotidiennes qui acquièrent une nouvelle dimension », explique Carlos Bloss, président de la Fundació Diàleg à la Fosca, qui est depuis cinq ans derrière ce projet. Équipé avec une canne pour non-voyants, le visiteur s’introduit dans différents espaces (Un bois, une ville, un marché, une cafétéria) avec comme seule aide ses sens et la voix du guide.

Le voyage dans l’obscurité commence dans un parc naturel. Là, on entend le bruissement du vent entre les arbres, le murmure de l’eau coulant dans une rivière, des enfants jouant au loin et on peut même sentir la fraîcheur de la brise ou la chaleur du soleil sur la peau. Tout un monde de sensations : Un parfum printanier par ici, le tact froid d’une sculpture par là, …

Mais la tranquillité dure peu. Progressivement, la pelouse et le sable se transforment en dur asphalte. Le groupe (de 8 à 10 personnes) arrive dans une ville et le chaos se déclenche : sirènes d’ambulance, bruit des voitures, un avion occasionnel, une moto sur la chaussée, piétons qui vont et viennent, odeur à essence, feux tricolores, réverbères et bordures qui se transforment en obstacles dangereux. « Le bruit est le brouillard des non-voyants », compare Bloss. Le parcours continue en haute mer, avec une promenade en barque dans laquelle ne pas voir le grand Bleu de la Méditerranée n’a pas d’importance. « Le plaisir de voyager est le même : on sent l’air marin, on entend les mouettes, les cheveux flottent au gré du vent… », raconte Bloss.

Prendre un café dans l’obscurité peut être tout un défi. Et les visiteurs le surmonteront à la cafeteria du musée où des serveurs non-voyants leur serviront, ceux-ci tenteront de les empêcher de trébucher avec les chaises ou de s’asseoir sur quelqu’un.

Le futur musée emploiera 75 personnes, la plus part d’entre elles handicapés. « Ils seront, précisément, les plus aptes pour se déplacer dans l’obscurité. Là, il n’y a ni grands ni petits, beaux ou laids, noirs ou blancs, il n’y a pas de différences de classes : tout le monde est égal », indique Bloss. Et c’est en tant qu’égaux qu’ils s’assiéront à la table du Restaurant dans l’Obscurité, une autre attraction de ce centre culturel, dans lequel on réalisera des séminaires, on présentera de nouveaux produits (par exemple, des parfums) et réaliseront des business-trainnings. « L’obscurité est un lieu idéal pour réaliser une rencontre d’affaires. A Davos ils le font déjà chaque année. Et quelques Chef d’États ont dit que c’est la meilleure façon de maintenir une négociation pour la paix » signale Bloss.

Précédents mineurs

Les musées obscurs ne sont pas une nouveauté. En 1989, le Docteur Andreas Heinecke inaugura le premier musée de l’obscurité à Francfort. Dès lors, des villes telles que Hambourg, Tel-Aviv, Milan ou Atlanta ont ouvert leur propre parcours dans l’obscurité. Mais celui de Barcelone, sera le plus grand du continent.

Ni Jordi Hereu ni ses adjoints au Maire ont voulus perdre la présentation de ce qui sera le futur musée. Le chef de l’opposition, le convergent Xavier Trias, voulut aussi être présent. Car tous les partis de la Mairie de Barcelone ont soutenu il y a un an la proposition de ce nouvel équipement dans lequel toute personne peut laisser derrière la vue pour expérimenter avec ses autres sens.

Déjà dit par Antoine de Saint-Expéry par la bouche de son Petit Prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ».

Source : El Mundo

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