Avant la révolution industrielle, certains aménagements urbains et l’architecture des villes répondaient à une forme d’utilisation mixte à petite échelle. Les citoyens ont établi des boutiques au rez-de-chaussée de leurs maisons, des ateliers dans leurs cours et des espaces résidentiels aux étages supérieurs. Cependant, avec l’avènement des machines et des chaînes de production de masse, l’organisation des villes a été radicalement transformée. La séparation des espaces de vie et de travail s’étend également aux espaces commerciaux, qui ne sont plus associés aux centres de production. L‘utilisation mixte des bâtiments n’a plus de sens, ceux-ci étant destinés à un usage spécifique qui détermine leur architecture. Ces dernières années, dans une nouvelle tournure, les développements urbains à usage mixte ont pris, et prendront sans doute dans un avenir proche, une importance croissante, mais à grande échelle cette fois.

Les progrès des nouvelles technologies et des communications ont permis à une grande partie de la main-d’œuvre mondiale de travailler à distance. Au-delà de la crise sanitaire mondiale, ce n’est là qu’un des facteurs à l’origine de cette transformation de l’urbanisme. Dans le même temps, les experts affirment qu’il y a eu une réduction de l’utilisation des transports en général, ce qui, associé à l’inquiétude croissante concernant le changement climatique et la recherche de systèmes énergétiques plus efficaces, permet de mieux comprendre l’évolution des demandes des citoyens. Ces changements comprennent, par exemple, l’augmentation croissante des achats en ligne.

Face aux nouvelles perspectives ouvertes par ces changements sociaux, les développements urbains à usage mixte se généralisent dans les villes, principalement sous trois formes : des complexes dont l’usage principal est résidentiel, des centres commerciaux qui étendent leur usage à d’autres usages non commerciaux, et des hôtels et des complexes touristiques qui s’adaptent aux nouvelles demandes en étendant leur offre à des usages autres que la simple hospitalité. En général, le processus de développement des aménagements à usage mixte répond à une question clé : quel est l’usage principal et quels autres usages peuvent le soutenir ? Ainsi, en répondant à cette question, l’implantation dans un bâtiment d’autres usages en plus de l’usage principal en fait une ressource ouverte à une plus grande demande, plus dynamique et, donc, avec de plus grandes possibilités de rentabilité. Ainsi, dans ces développements à usage mixte, les actifs complémentaires se renforcent mutuellement et favorisent la circulation des revenus dans les différents chapitres.

En bref, il est courant aujourd’hui de voir les centres commerciaux ajouter à leurs installations des zones résidentielles, des espaces de bureaux à louer et des attractions de divertissement et de loisirs. Les immeubles résidentiels, quant à eux, disposent d’espaces commerciaux dans leurs arcades inférieures, ainsi que d’autres installations pour la détente, la restauration et les loisirs, et parfois aussi pour le travail et la production. Enfin, les hôtels et les centres de villégiature se transforment en espaces beaucoup plus flexibles, devenant des lieux de travail, des espaces de réunion ou de conférence, ainsi que des espaces de vie, des appartements avec services et des logements de longue durée, avec leurs propres installations de loisirs et de restauration bien sûr.