Les coquilles des mollusques sont le résultat de millions d’années d’évolution, contenues et exprimées dans l’ADN de chaque individu de ce phylum. Avec eux, ces êtres vivants s’adaptent à l’environnement pour survivre. Il en va de même pour les terriers, les ruches, les nids, les fourmilières, etc., qui sont le produit de l’instinct animal et une réponse évolutive aux conditions environnementales. Cependant, l’architecture, ou le processus par lequel nous, les humains, concevons et construisons (entre autres) nos « terriers », nos « ruches » ou nos « nids », est intrinsèquement différente du simple exercice de l’instinct de survie.

En effet, l’instinct, processus mécanique et invariable (hormis les mutations fortuites) est insuffisant pour l’homme, voire inadapté à certaines de ses tâches. L’une des principales raisons en est que l’instinct exclut la créativité. La deuxième raison est qu’elle exclut la culture. L’architecture, en revanche, est le reflet direct de la culture, entendue, selon le dictionnaire, comme « l’ensemble des modes de vie et des coutumes, des connaissances et du degré de développement artistique, scientifique, industriel d’une époque, d’un groupe social, etc.

Ainsi, bien que de nombreux produits de l’architecture aient la même fonction et le même but que les autres produits de l’instinct (comme la survie et aussi, pourquoi pas, le confort), leur exercice est déterminé par des questions historiques, notamment l’évolution du goût, le facteur déterminant de la tradition et de la géographie, ou le développement technologique de chaque période. Et pourtant, la créativité est un facteur incontournable de l’évolution et de la variabilité de l’architecture. C’est ainsi que cette discipline échappe parfois aux déterminations de sa fonction et de sa finalité, et à l’enchaînement des facteurs historiques et environnementaux.

Enfin, il existe un autre élément qui va au-delà de l’instinct, directement lié à la créativité et donc à l’architecture : le jugement esthétique. Bien que nous trouvions souvent la nature belle, tout comme un bébé trouve beau le sein de sa mère, les produits de l’instinct ne sont en aucun cas associées à ce que les humains jugent beau. Ils ne sont pas beaux ou le contraire, ils sont simplement, ils sont, et ils sont ainsi dans la mesure où ils représentent un avantage évolutif pour les êtres vivants. S’il n’y avait pas de prédateurs ou d’évaporation, les coquilles de mollusques n’existeraient probablement pas. Ainsi, le jugement esthétique est inséparable de la créativité humaine, il s’applique à ses productions et donc à l’architecture. Et bien sûr, le jugement esthétique évolue aussi en fonction des époques historiques.

Inspiré par : ArchDaily. Images : Projets par Amusement Logic.
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